
PLUS de 50 millions de paires de brodequins fabriquées pour l'armée française entre août 1914 et novembre 1918. C'est le record absolu de l'Intendance pour ce qui concerne les principaux effets individuels du soldat. C'est aussi un paradoxe étonnant quant on sait la rareté de ces brodequins pour le collectionneur d'aujourd'hui. Mais il est vrai que tous les brodequins ayant échappé au champ de bataille ont été usés jusqu'à la corde par des générations d'anciens soldats revenus à la vie civile. Dans la première partie de cette étude, nous avions eu la chance de pouvoir disposer de quelques exemplaires de brodequins d'avant Quatorze à l'état neuf. Tel n'est pas le cas aujourd'hui. Ceux que vous allez voir sont d'authentiques « anciens combattants », sauvés de justesse d'une consommation complète et réunis grâce à l'obligeance de quelques collectionneurs. Voyons maintenant la succession des modèles réglementaires au cours de la Grande Guerre. Celle-ci s'ouvre avec, aux pieds de nos soldats, des brodequins modèle 1893 en majorité, un reliquat d'anciens modèles de 1881, et la production nouvelle du modèle 1912, tous modèles déjà décrits. Les talons des brodequins de tous les modèles antérieurs à la mobilisation, seulement munis de chevilles affleurant le cuir, vont s'avérer peu durables en temps de guerre. Aussi est-il décidé de les renforcer au moyen d'une rangée de « clous caboches ». D'autre part, on va chercher à améliorer l'étanchéité sur le devant en reliant la languette à chacun des côtés de l'empeigne au moyen d'un soufflet en basane. Ces propositions sont adoptées par DM du 18 avril 1915 et rapidement appliquées aux confections nouvelles. Un détail pour puristes: initialement, les soufflets sont cousus à la languette par le dessous, ce qui aura pour effet de créer une surépaisseur occasionnant des blessures à l'homme. Pour remédier à cet inconvénient, ces soufflets seront cousus sur le dessus de la languette, par modificatif du 17 août 1915.
Download from (hotfile.com) or (filesonic.com)